WordPress, c’est aujourd’hui 34,5% du web… enfin plus précisément 34,5% des 10 millions de sites internet les plus visités au monde sur le web. Ce qui est tout de même un indicateur assez fiable de la popularité de ce CMS. Depuis quelques temps, cette popularité place de fait notre CMS favori en tant qu’acteur incontournable pour bâtir le web de demain. Pour le meilleur ou pour le pire… visons le meilleur !
🍿 Un p’tit revert pas si anodin
Davantage que simplement représenter un peu + de 34% du web en tant que solution n°1 pour mette en ligne du contenu sur le web, WordPress est un acteur de référence. J’insiste sur ce terme car je le trouve intéressant à plus d’un titre. Nous allons voir que nous passons d’un positionnement de suiveur à un positionnement d’acteur du web de demain, ce qui n’est pas de la petite limonade. Et nous n’y sommes peut-être pas prêts. Challenge accepted?
Initialement remonté par Darren Ethier sur le Slack de Post Status, un commit récent de l’un des développeurs de Chromium est particulièrement intéressant.
Il ne s’agit pas d’un simple commit. Il s’agit d’un revert, soit une action visant à annuler du code précédemment intégré dans le code source du projet. Le projet dont il est question, c’est Chromium, la base servant à propulser Google Chrome, qui est tout simplement le navigateur qui représente globalement environ 64% de parts de marché sur les outils permettant d’accéder au web.
Dans tout commit normalement constitué, un commentaire accompagne la raison ou le contexte du changement effectué. Ici, le contexte était de définir l’interprétation d’une propriété CSS flexbox par Chromium.
Puis ce commit à été revert, ce qui veut dire qu’on l’annule et qu’on revient à ce qu’on avait avant. Avec le commentaire suivant :
Oups, on a cassé WordPress 🙈
👉 Pourquoi c’est si intéressant ?
Les navigateurs web sont des user-agents (agents utilisateurs). C’est à dire qu’ils sont chargés d’interpréter les standards du web (langages HTML, CSS, JavaScript…) notamment définis par le W3C (et le WHATWG, je ne rentre pas dans le détail dans le cadre de ce billet) afin de restituer le contenu des pages web aux visiteurs des sites.
Petit à petit, certains sont devenus gros. Et Chromium – Google Chrome – est un gros navigateur. Tellement gros qu’il a même fini par rapidement peser dans les décisions des organismes de standardisation.
(La question plus complexe et très « politique » de la relation entre W3C et WHATWG n’est pas l’objet de cet article, qui concerne essentiellement le rôle de WP dans tout ça)
Normalement, lorsque l’interprétation des standards par les navigateurs conduit à des bugs sur WordPress, on corrige tout simplement le CMS. Normal : nous ne jouons pas sur le même tableau. WordPress est en bout de chaine. Ou du moins WordPress était en bout de chaîne.
Aujourd’hui on voit que le projet WordPress commence à peser sur les décisions des navigateurs, eux-mêmes chargés d’interpréter les décisions des organismes de normalisation comme le W3C ou le WHATWG… dont ils ont fini par faire partie.
En tant que développeuse ou développeur de thème, d’extensions, de fonctionnalités WordPress pour votre clientèle, auriez-vous ne serait-ce qu’imaginé un instant que Chrome, Firefox, Edge, Safari, Opéra ou IE allait patcher son code source pour faire que votre site web s’affiche correctement ? Non c’est évidemment à nous, prestataires et travailleur·se·s du web de patcher tout cela. Et l’inverse aurait été un non-sens. C’est pourtant ce qui s’est – pour moi – passé avec ce revert. Un jeu de chaises musicales où pour le coup, le projet WP a été défini comme une contrainte à prendre en compte du fait de sa popularité.
L’investissement progressif de Google dans la contribution à WordPress en témoigne, ce type d’acteur souhaite évidemment prendre le train en marche. En toute franchise, c’est à mon sens plutôt une bonne chose de les voir maintenant contribuer au développement du cœur WP et recruter plusieurs développeurs historiques du CMS. Et cela peut apporter un paquet d’opportunités aux acteurs qui vivent de WordPress, qu’il s’agisse de prestataires ou d’éditeurs d’extensions.
Mais il faut savoir raison garder.
On parle d’un commit au milieu de milliers d’autres… mais ça reste un changement dans le rapport de force normal – disons plutôt classique entre navigateurs et applications web. Il convient de le suivre avec intérêt 🤓